L’Afrique, terre de promesses et de potentiels inexplorés, se trouve à un carrefour décisif. Face à une crise de l’emploi qui touche principalement une jeunesse nombreuse et en quête de perspectives, le continent doit réinventer son approche du développement. Cet éditorial explore la nécessité de dépasser les modèles traditionnels d’emploi et d’entrepreneuriat, en mettant l’accent sur l’innovation, la numérisation et l’implication active de chaque citoyen. À travers une analyse des défis actuels et des opportunités émergentes, il appelle à une nouvelle vision pour un avenir prospère et inclusif en Afrique.
La crise de l’emploi en Afrique: Un constat alarmant
L’Afrique, continent de plus d’un milliard d’habitants, où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, fait face à une crise de l’emploi, marquée par un chômage élevé, des inégalités persistantes, et une large prédominance du secteur informel. En 2023, le taux de chômage en Afrique subsaharienne était de 7,2 % selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), mais ce chiffre masque une réalité bien plus alarmante : plus de 60 % des jeunes actifs, soit environ 200 millions de jeunes, sont sans emploi ou sous-employés, révélant ainsi l’ampleur d’une crise profonde.
La notion de travail demeure floue dans de nombreuses sociétés africaines, où près de 70 % des Africains considèrent que l’emploi est avant tout une responsabilité des pouvoirs publics. Cette perception, héritée de l’époque coloniale, où l’État était le principal employeur, persiste malgré les transformations économiques globales. Les gouvernements peinent ainsi à mettre en place des systèmes capables de combler les déficits structurels du marché du travail. La jeunesse africaine, souvent désillusionnée, attend des solutions de l’État sans s’impliquer activement dans la création de son propre avenir professionnel.
Le secteur public et privé: défis et opportunités
Le secteur public, qui emploie en moyenne 15 % de la population active, est souvent perçu comme un refuge sûr, mais il est saturé. Dans certains pays, comme le Botswana ou le Gabon, il représente jusqu’à 30 % de l’emploi total, contre une moyenne mondiale de 15 %. Cette surreprésentation crée une pression insoutenable sur les finances publiques, limitant la capacité de l’État à investir dans d’autres secteurs essentiels comme l’éducation, la santé ou les infrastructures. Le secteur privé, quant à lui, est sous-développé et peine à absorber la main-d’œuvre croissante. En 2022, selon la Banque Mondiale, le secteur privé formel en Afrique subsaharienne ne représentait que 12 % de l’emploi total, contre une moyenne de 40 % dans les pays à revenu intermédiaire. De plus, 85 % des emplois se trouvent dans le secteur informel, caractérisé par des conditions de travail précaires, une faible productivité et l’absence de protection sociale.
Les politiques publiques sont souvent inefficaces, n’ayant pas réussi à créer un nombre suffisant d’emplois pour absorber l’augmentation de la population active. Le taux de croissance économique en Afrique, qui a atteint en moyenne 3,8 % entre 2010 et 2020, n’a pas permis de répondre aux défis du marché de l’emploi. Par exemple, en Afrique du Sud, où le taux de chômage des jeunes atteint près de 55 %, les politiques publiques n’ont pas réussi à créer un environnement favorable à l’entrepreneuriat et à l’innovation. En 2020, seulement 2 % des jeunes Africains avaient accès à un crédit pour lancer leur entreprise, un chiffre dérisoire comparé aux 10 % en Asie de l’Est.
Une nouvelle vision du développement: Innovation et numérisation
Le développement de l’Afrique ne peut plus être envisagé comme une simple responsabilité des États. Bien que les gouvernements jouent un rôle crucial, notamment en créant un environnement propice aux affaires, il est évident que ces efforts ne suffiront pas à transformer le continent. Les défis sont nombreux : chômage massif des jeunes, pauvreté endémique, avec près de 40 % de la population subsaharienne vivant avec moins de 1,90 dollar par jour. Une nouvelle vision du développement est impérative, mobilisant les ressources publiques, mais aussi l’énergie, la créativité et l’initiative de chaque citoyen.
Dans un monde globalisé, l’Afrique doit se tourner vers l’innovation locale et l’entrepreneuriat pour stimuler une croissance durable et inclusive. Les petites et moyennes entreprises (PME), représentant environ 80 % de l’emploi total en 2020, sont des moteurs de création d’emplois et de croissance économique, malgré des défis majeurs comme l’accès limité au financement et des infrastructures insuffisantes. Pour remédier à ces problèmes, il est crucial d’encourager les jeunes Africains à explorer les opportunités entrepreneuriales dans leur propre pays, plutôt que de chercher à émigrer.
La transformation numérique joue également un rôle de plus en plus crucial dans le développement de l’Afrique. En 2023, le taux de pénétration d’Internet en Afrique subsaharienne atteignait 33 %, représentant une progression significative par rapport à 2010. La diffusion des technologies de l’information et de la communication (TIC) offre aux Africains des outils puissants pour innover, accéder à de nouveaux marchés et améliorer leur productivité. Les startups technologiques africaines, comme Flutterwave au Nigeria ou M-Pesa au Kenya, montrent que l’Afrique peut non seulement adopter des technologies innovantes, mais aussi les adapter à ses propres besoins.
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