L’ex Président de la république démocratique du Congo Joseph Kabila a réussi où la plupart des chefs d’états autoritaires d’Afrique centrale ont échoué: céder le pouvoir pacifiquement à son successeur, fut-il son principal opposant. Le nouveau régime de Kinshasa ne ménage à son tour aucun effort pour prouver à son peuple et au monde que la RDC est réellement en marche, démocratiquement. Mais quel type de processus ou transition démocratique pour la sous-région ?
Le sous-secrétaire d’État américain chargé des questions africaines, Tibor Nagy a déclaré lors de la visite du Président de la république démocratique du Congo aux USA en ce début du mois d’avril 2019 que eu égard aux changements démocratiques advenus dans le pays et vu les réformes si tôt entreprises par le président Félix Tshisékédi Tshilombo en RDC, les États-Unis d’Amérique décrétaient l’année 2019 comme étant l’année de la république démocratique du Congo (notant que celle de 2018 fut celle de l’Éthiopie) et ce pour saluer et encourager l’administration Tshisékédi d’ancrer réellement dans les mœurs politiques du pays la culture démocratique et surtout celle en lien avec le respect des droits et libertés universels de l’homme dans le pays.
Nous ne le dirons jamais assez, la république démocratique du Congo est entrée dans le cercle très restreint des pays démocratiques du continent. L’administration Tshisékédi peut même prétendre d’ici la fin de cette année 2019 la place de première démocratie d’Afrique centrale si ce n’est déjà le cas.
Le concept de démocratie n’est pas un vain mot ou une sorte de clé passe-partout que la plupart des régimes autoritaires en Afrique centrale ont tendance à utiliser dans leur jargon pour qualifier quelques-unes de leurs prouesses en faveur des droits et libertés individuelles. En RDC tout analyste politique sérieux reconnaîtra que le régime de Kinshasa emprunte là un chemin politique irréversible non pas pour faire comme en occident, mais parce que cela fait parti de son identité historique, bref de ses valeurs intrinsèques, et au-delà de celles du parti politique qu’est l’UDPS d’idéologie sociale libérale. Les mêmes similitudes peuvent être remarquées au Congo-Brazzaville au sein du principal parti d’opposition au régime de Brazzaville, l’UDH YUKI de Brice Parfait Kolélas. Parti politique de centre droit, libéral et humaniste, l’UDH YUKI et Brice Parfait Kolélas pourront dès 2021 conduire le Congo Brazzaville longtemps considéré comme une république « bananière » sur le chemin des grandes démocraties libérales et de droite d’Afrique, respectueuses des droits et libertés individuelles comme l’entreprend ardemment le Président Félix Tshisékédi Tshilombo en RDC.
Hier nous déplorons tous les virées antidémocratiques du régime Kabila, aujourd’hui en moins de 2 mois de gouvernance la république démocratique du Congo est acclamée de partout et reconnue internationalement comme l’une des rares démocraties en marche d’Afrique centrale. La volonté du peuple, la société civile en particulier est sans doute le premier catalyseur dans ce processus démocratique.
Quelques intellectuels égarés fustigent ce qu’ils appellent un complot contre la démocratie, l’élection du Président Félix Tshisékédi Tshilombo à la magistrature suprême, car selon eux le vrai gagnant de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 était le candidat malheureux Martin Fayulu qui pourtant n’a pu apporter auprès des sages de la cour constitutionnelle de la république démocratique du Congo les preuves de ses allégations, laissant à la conférence épiscopale des évêques de la RDC, la CENCO, (principale force observatrice de ses élections ), le soin de corroborer ses convictions.
Bref, la juste analyse qu’il siérait de faire de ces faits consiste à énumérer deux points essentiels. Le premier; tous les régimes autoritaires présents en Afrique centrale optent pour la falsification et le vol électoral, et le dire est un euphémisme. Part conséquent, il est primordial que les principales forces d’opposition à ses régimes autoritaires élaborent de meilleures stratégies afin de sécuriser leurs voix. Et la société civile ne doit en aucun cas se trouver marginalisée dans ce processus. Deuxièmement; anticiper en amont la préparation des requêtes auprès des tribunaux du contentieux électoral doit être en toute circonstance le point phare qui permettrait aux partis d’opposition de ne pas être surpris et partant de mieux affronter la triste et fréquente réalité électorale africaine, car comme l’avait si bien dit en son temps le mythique Paul Gérard Pougoue in la préface de l’ouvrage ‘‘Les institutions judiciaires du Cameroun’’: «Tout le monde doute du droit, même le droit doute de lui-même, mais seul le droit peut résoudre ce problème». En effet, ne pas croire à la neutralité du juge du contentieux électoral est légitime. Mais ne plus croire à l’imperium du droit face au mal est une faute, voire un non sens en politique.
En tant que politiste et constitutionnaliste; pour ne pas le citer, faisons appel à Costantino Mortati (un des plus imminent constitutionnaliste italien d’origine albanaise) qui faisait en son temps la distinction entre la constitution formelle (écrite) et matériell. Et le Professeur Franck Laffaille in ‘‘La notion de constitution au sens matériel chez Costantino Mortati. La «zone grise» du droit constitutionnel’’, en parlant de Mortati d’affirmer que chez lui: «Toute constitution formelle doit donc s’adapter aux exigences nouvelles de la vie de l’État, exigences par définition impensables et imprévisibles au moment de l’élaboration du texte. Il revient à la constitution matérielle de pourvoir à une telle nécessité et à de telles exigences pour résoudre, autant faire ce peut, le hiatus entre droit écrit statique et vie politique dynamique. La constitution matérielle devient « la source de validité ou de positivisation de la constitution formelle». Ainsi, ce que les hommes politiques font des institutions politiques est souvent en décalage avec la norme constitutionnelle telle que fut érigée par le constituant et celui-ci n’étant presque jamais en mesure de penser par anticipation au millimètre près la gestion pratique des institutions politiques, il est souvent considéré comme logique que la classe politique entreprennent certaines initiatives aptes à favoriser et stabiliser la gestion de la res publica. D’emblée, il nous souviendra, qu’à fin de faire face à la crise politique qui frappait de plein fouet la Colombie dans les années fin 1950 et début 1960, les deux principaux partis politiques colombiens, le Parti libéral et le parti conservateur ont réuni leurs forces aux fins de protéger la république face à la monté de l’extrémisme et du terrorisme. Ainsi naquit le front national qui gouvernera la Colombie jusqu’en 1974 avec une alternance concertée entre les deux partis (la réforme constitutionnelle de 1968 permettant d’intégrer d’autres partis politiques). Le tout sous l’autorité constitutionnelle et ce sans enfreindre les principes généraux et démocratiques de la constitution colombienne de 1886 abrogée plus tard en 1991 suite à une mobilisation sociale des années fin 1980. Ainsi, les processus démocratiques varient-ils d’un pays à un autre. L’erreur commise dans le passé par le régime du Président Lissouba (1993-1997) en république du Congo doit servir de leçon à Kinshasa. L’intégration de la vielle classe politique dans les affaires politiques du pays (comme en Afrique du Sud avec Nelson Mandela) peut tantôt être un facteur de stabilité ou de déstabilisation. Toutefois, en cas de stratégies illicites consistant à renverser le cours normal de ce processus de démocratisation qui est en cours en RDC aucun pays démocratique au monde ne saurait tolérer de telles manœuvres. Tel a été par exemple le cas en Gambie dont le nouveau régime avait reçu en son temps le soutien du Sénégal face à l’ancien dictateur Yaya Jammeh (1994-2017) chassé manu militari du pays et exilé en Guinée équatoriale.
Somme toute, ce qu’il va falloir retenir de cette leçon démocratique au Congo-Kinshasa est la suivante : quelque soit la durée de l’hiver politique, le printemps démocratique finit toujours par advenir. Cela a été le cas au Maghreb, l’Afrique francophone ne fera pas défaut. Même si l’Afrique centrale demeure le dernier bastion des régimes autoritaires encore présents dans la région, pour ne parler que du Congo-Brazzaville, l’après Denis Sassou Nguesso qui sera sans doute incarné par le parti politique de centre droit l’UDH YUKI et son leader Brice Parfait Kolélas peut déjà s’inspirer des premiers pas entamés par le régime de Kinshasa. D’ailleurs, en parcourant le monde politique actuel au Congo-Brazzaville un seul homme politique, Brice Parfait Kolélas, semble capable de garantir la paix, la réconciliation, l’unité nationale et la prospérité tant attendues par tous les congolais du nord comme du Sud. Son programme politique de 2016 et ses précédentes sorties télévisées l’attestent profondément. En attendant, observons méticuleusement l’histoire politique et démocratique de la RDC s’écrire sous nos yeux.
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