L’Afrique dans le monde: Horizon 2030


Cet article d’opinion tente de poser le cadre en analysant le défi majeur auquel le continent africain devrait faire face à moyen terme. Ensuite, dans la même lancée, sont émises des pistes de réflexion à l’encontre de l’élite africaine et de sa diaspora.


Quand on parle du futur de l’Afrique, il est souvent décrit sous un angle démographique. Par exemple que sa population triplerait d’ici 2050 avec environ 2,7 milliards d’habitants. Ce constat alarmiste pour bon nombre est basé sur le rythme de fécondité actuel sur le continent, et au sens où si ce dernier se maintenait sur la durée. Ainsi, certains esprits illuminés y verraient une menace envers notre écosystème. Tandis que pour d’autres, ce challenge est une chance pour l’humanité en ce qu’il favoriserait sa perpétuité ou sa régénérescence.

Penser l’Afrique à l’aune des bouleversements à venir, consiste à poser les jalons de son avenir immédiat pour une meilleure préparation face aux grandes épreuves lointaines. Car les défis de demain ne sont pas que d’ordre démographique, ni de l’ordre environnemental, sanitaire, alimentaire, hydrique, énergétique ou que sait-on encore.

L’urgence vitale à laquelle l’Afrique fera face d’ici moins de 10 ou 20 ans, donc à moyen terme, est in primis celle qui attrait à sa compétitivité économique.

Si les changements institutionnels, géopolitiques et les troubles sécuritaires qui vont se produire à court terme placeront comme à l’accoutumé ce vaste espace géographique dans la fameuse zone rouge des destinations anathèmes, cela ne devrait pas décourager les élites africaines d’aujourd’hui à délaisser l’avenir du continent au profit d’autres. Car, les grandes épreuves font les grandes nations.

Cette élite africaine formée, pour la plupart résident hors du continent (en Europe, en Amérique du Nord essentiellement), devrait prendre conscience de la place centrale qu’elle occupe comme adjuvant à l’essor, d’abord philosophique (par la pensée critique), puis économique, de l’Afrique. Pour ce faire, d’emblée il faut qu’on se le disse ouvertement. Trop de talents africains surqualifiés dont majoritairement en science sociale (droit, lettres, philosophie, sciences politiques, sciences économiques, etc.) peinent à occuper les fonctions pour lesquelles ils sont naturellement formés ou occupent des emplois de survie qui n’ont rien avoir avec leur niveau d’études ou leur secteur de formation initiale. Et avec conviction, ceux-ci représenteraient la majorité comparativement à celles ou ceux qui ont effectué un cursus plutôt technique ou «scientifique».

Cependant, là n’est pas le problème, puisque même l’Europe, sa jeunesse, par exemple est confrontée aux mêmes réalités. Toutefois, pour cette élite africaine, l’enjeu face à ce fait courant et intra générationnel qui a longtemps desservi et continue encore de desservir l’avenir de plusieurs générations vouées ou comme prédestinées à l’échec d’une vie gâchée, consiste à faire deux choix, pas trois, pas quatre, pas cinq, pas Y2moinsX2  : se réorienter vers les profils de formations propres au monde libéral et capital de maintenant ou faire le choix brutal de l’entreprenariat par l’acquisition préalable de compétences spécifiques en se requalifiant. Vivre ou disparaitre. Le choix est clair. Malheureusement, nous vivons dans un monde cruel, où les carrières ne se construisent pas que par méritocratie, mais plutôt souvent, grâce à un bon réseau d’amis, de parents, ou voire par pure coïncidence relationnelle.

L’Afrique est un continent assez jeune, riche d’un capital humain dynamique et prompte à acquérir rapidement des savoirs faires. Pour affronter le défi de la compétitivité économique, le continent a donc besoin d’attraire une masse importante de capitaux, donc d’entrepreneurs capables de disposer de cette ressource humaine énergique; puis les espaces d’opérations ou d’actions ne manquent pas, du Maroc à l’Afrique du Sud. Ensuite, plus de capitaux et d’entrepreneurs foisonneront, plus assisterons-nous à trois phénomènes migratoires majeurs inverses avec premièrement le retour sur le continent de la matière grise africaine; deuxièmement l’extinction progressivement des flux migratoires massifs des africains vers le reste du monde et enfin une hausse de l’immigration qualifiée en provenance d’autres continents vers l’Afrique, à la recherche d’emploi (d’ailleurs ce troisième volet est actuellement en constante évolution avec des populations provenant du Moyen-Orient tel que le Liban et d’Asie).

Ces trois mouvements décrits plus haut seront les principaux catalyseurs du développement tant espéré et tant attendu en Afrique et par les africains.

Enfin, cette analyse n’est pas nouvelle, elle est présente dans de nombreux ouvrages et pratiquée ailleurs: en Amérique, en Europe, au Moyen-Orient et en Asie.

Donc, la définition du futur du continent africain ne passera pas par la résolution des symptômes ou des effets certes dévastateurs qui minent au jour le jour le continent, mais par la résolution définitive de la cause principale du mal africain, c’est-à-dire la raréfaction d’initiatives entrepreneurials promptes à pénétrer et à tirer profits des nouvelles réalités d’affaires caractéristiques de notre temps, présent.

L’élite africaine et sa diaspora doit donc pouvoir s’émouvoir rapidement et montrer l’exemple par devoir mais aussi par pure égoïsme ou amour propre, et ainsi servir de modèle de conscientisation envers celles et ceux des générations successives afin qu’elles apprennent très tôt à s’orienter vers l’acquisition des compétences nécessaires aux défis d’aujourd’hui, puisque de cette élite dépendra aussi la survie et la compétitivité économique de l’Afrique à moyen et long terme. Et de cette forte compétitivité économique dépendra la résolution dans la durée des plus importants challenges à venir sur le continent tels que les défis climatique, de souveraineté alimentaire, de souveraineté pharmaceutique, de prévention et résolution sanitaire, d’ajustement démographique, de contrôle migratoire, d’adaptation éducative, d’organisation sécuritaire,  de renforcement énergétique,  de redistribution hydrique, de restructuration institutionnelle et de positionnement géopolitique.

Christopher Jivot Bitouloulou

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