L’Italie: jeux politiques, systèmes et perspectives globales (M. Draghi I et bis?)

Cet article vise avant tout l’analyse du contexte politique italien actuel. Puis, il tentera d’appréhender l’avenir institutionnel et politique du pays à court terme (d’ici deux à trois ans) et à moyen terme (maximum horizon 2030).        


   Le jeu politique dans le pays de Dante Alighieri est sans doute l’un des plus croustillant dans cette partie d’Europe occidentale. En effet, le modèle institutionnel italien a été originellement bâtit de façon à séparer et à maintenir un équilibre solide des pouvoirs entre les différentes branches (législative, exécutive et judiciaire), et ce, de sorte à empêcher à une quelconque figure politique, fusse-t-elle populaire ou pas, à mener seul et d’un bras de fer l’avenir politique du pays sur le long terme.

   Pour ce faire, pour l’assemblée constituante de 1947, il était nécessaire d’instaurer dans le pays un bicaméralisme égalitaire (ou parfait). Ainsi le Sénat et la chambre des députés se voyaient octroyer les mêmes pouvoirs. Toutefois, en dépit de cette importante élaboration du système politique par la constituante; il s’est avéré au fil des ans, que cette dernière avait en fait, volontairement ou involontairement, fait le choix de laisser à l’avenir et aux représentants du peuple de décider du plus important des verrous: à savoir l’interrupteur institutionnel qu’est la loi électorale.

  Ce faisant, le verrouillement réalisé dans le but d’éloigner le plus loin possible les démons de la République est aujourd’hui remis en question par l’élite politique du pays. Car, s’il est indéniable qu’une loi électorale est le nœud par lequel peut surgir d’une part l’idéal démocratique et d’autre part le cauchemar politique, il est aussi vrai qu’un nœud mal conçu engendre nécessairement une répulsion multidimensionnelle. Toutes choses étant égales par ailleurs, il est hautement désirable que le pays ait une vie institutionnelle à même d’absorber les méandres d’une vie politique à couteaux tirés qu’être entre deux feux.

   Le problème de l’Italie est connu de tous. Et c’est notamment, je crois, l’un des pires défauts du système parlementaire. En effet, si le bicaméralisme parfait a engendré un certain déséquilibre politique dans le pays, il faut reconnaitre que la multiplication des petits partis politiques, soit au cours ou soit en dehors d’une législation a fortement affaibli l’idée originelle des mères et des pères fondateurs de la Constitution 1947, celle d’une vie institutionnelle impassible aux jeux politiques.

   Puis, ajouté à l’inconscience d’une certaine classe politique, de nombreux italiens se demandent si le système actuel, en place, au lendemain des réformes électorales des années fin 1980 et début 1990, n’est-il pas au fond l’idéal d’une génération, d’une élite politique trop éloignée et en décalage avec l’héritage d’une certaine époque qui fut plus enclin à une vision nationale constante face à un monde agité.

   Pour une Italie plus forte et en avant-garde sur le monde, la stabilité politique est fondamentale. Ceci dit, il faut tôt ou tard une loi électorale capable d’accorder suffisamment de pouvoirs à une mouvance politique qui mènera sur une certaine durée la vision d’un pays qui a tout à gagner sur la scène mondiale et dans ses rapports bilatéraux avec les pays en voie de développement entre autres acteurs.

   La croissance de l’Italie passera inévitablement en adoptant le modèle industriel allemand tourné vers le monde. Donc, il faudra que les entreprises italiennes s’imposent dans le monde et notamment en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud et en Asie. Le potentiel entrepreneurial et la créativité en présence dans le pays sont des forces qui méritent d’être portées par une politique centrée sur le monde et moins sur l’Europe.

   Le Premier Ministre Mario Draghi est sans doute la figure technique nécessaire à moyen terme pour donner un élan à cette vision d’une Italie tournée vers le monde. Cependant, il devra s’inscrire dans un idéal de pionnier et non de bâtisseur, autrement, il mettra en pâture son image et sa figure de personnalité institutionnelle, mal comprise par le plus grand nombre.

   D’ici l’horizon 2023, la stabilité politique du pays restera précaire, néanmoins, un possible gouvernement bis, moins populaire, mené par Mario Draghi permettrait d’organiser dans les délais constitutionnels les prochaines grandes élections politiques du pays, avec l’arrivée au pouvoir d’une vision politique certes libérale, mais moins ouverte sur le monde, tandis que l’Italie aurait plutôt besoin d’une équipe gouvernementale ouverte sur le monde qui tirera largement profit entre autres de ces immenses réseaux de cadres africains, arabes, latino-américains, asiatiques formés en Italie et qui pourront servir d’interlocuteurs pour permettre à l’Italie dans un esprit «Win Win» de mieux se situer en terme de croissance et d’un point de vue social d’ici l’horizon 2030. Il est donc, plus que jamais urgent que la classe politique italienne cesse de se tourner incessamment vers l’Europe, mais plutôt vers une perspective globale au service de ses intérêts nationaux pluriels. Et cela passera une fois de plus par une prise en compte de son rôle sur le monde dans une projection, une perspective d’avenir.

Christopher Jivot Bitouloulou-Julienne Ntsouli Ngambio

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